Culture bio et permaculture

Modifié le 4 février 2020

Alors que le concept de permaculture reste encore vague, ses grands principes ne vous seront sans doute pas totalement étrangers. La permaculture imite les écosystèmes en travaillant avec la nature au lieu de s’y opposer. Voici un focus sur les grands principes de la permaculture et ses applications concrètes au jardin et au potager.

Culture bio et permaculture

Vous compostez vos déchets de cuisine, faîtes le tri sélectif et êtes adeptes des produits écologiques ? Et si vous vous lanciez dans la permaculture ?

Alors que le concept de permaculture reste encore vague, ses grands principes ne vous seront sans doute pas totalement étrangers. La permaculture imite les écosystèmes en travaillant avec la nature au lieu de s’y opposer. Peut-elle se résumer à une simple question de bon sens ? Que veut dire précisément permaculture ? Est-ce la même chose que cultiver en bio ? Pour vous aider à y voir plus clair, voici un focus sur les grands principes de la permaculture et ses applications concrètes au jardin et au potager.

Qu’est-ce que la permaculture ? Définition.

Si la permaculture est généralement associée à des techniques agricoles, elle dépasse largement le cadre du jardinage, du maraîchage ou de l’agriculture. La permaculture est aussi une démarche éthique et durable.

Alors la permaculture, c’est quoi ?

Le terme permaculture a été inventé en 1978 par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren. Il est formé de “perma” (permanent) et “culture” (agriculture), c’est donc une contraction d’”agriculture permanente”.

Ce concept regroupe des principes et des techniques d’aménagement et de culture, dans un concept global, le design.

Son but ? Faire d’un lieu de vie, un écosystème à la fois harmonieux et productif, autonome, naturellement régénéré et respectueux de la nature et de ses habitants.

Par extension la permaculture consiste à construire des installations humaines durables en prenant en compte les ressources humaines, les ressources matérielles et le lieu.

La définition de la permaculture est étroitement liée à son éthique et plus précisément à trois valeurs de base :

  • prendre soin de la nature (les sols, les forêts, l’eau, l’air)
  • prendre soin de l’humain (soi-même, la communauté, les générations futures)
  • créer l’abondance et redistribuer les surplus
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L’esprit de la permaculture est de relier tous les éléments d’un système les uns aux autres, y compris les êtres humains.

C’est un système en boucle où chaque élément vient nourrir les autres, sans produire de déchets exportables.

Dans son volet agricole, la permaculture s’inspire beaucoup des forêts où le sol n’est pas travaillé.

La permaculture s’intègre à l’ensemble des bonnes pratiques de l’agriculture biologique mais aussi des énergies renouvelables, de l’écoconstruction.

Ses applications sont nombreuses : en entreprise, en économie, en énergie, en ville.

Comment débuter un jardin en permaculture ?

Créer un jardin en permaculture permet de répondre à vos besoins humains tout en améliorant votre environnement (enrichissement de la terre, développement de la biodiversité…)

Saviez-vous qu’un jardin en permaculture a plusieurs fonctions à remplir ? Il sert à produire des fruits et des légumes dans sa partie potager mais peut aussi fournir des plantes médicinales, des herbes aromatiques, des matières végétales, des fleurs d’ornement, des espaces de vie où se détendre ou s’amuser.

Face aux multiples vocations d’un jardin en permaculture, il est compréhensible de se sentir perdu. Comment faire de la permaculture sans se plonger dans des manuels de botanique ? Suivez nos conseils spécifiques aux potagers et jardins en permaculture.

Faire un jardin en permaculture : comment commencer chez vous ?

La conception d’un jardin en permaculture repose sur quelques principes de base.

Observez les éléments essentiels de votre système

La phase d’observation et d’analyse de votre environnement est primordiale. Plus vous comprendrez les éléments essentiels de votre système, plus vous serez en mesure de voir naître des interactions harmonieuses entre ces éléments et des relations saines.

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Ainsi connaître le climat, les vents dominants, les types de sol de votre terrain, le cycle de l’eau vous guidera pour choisir vos supports de culture, leur emplacement ainsi que celui de votre verger et des animaux si vous en avez.

Observez la présence des plantes “naturelles”, des insectes et des animaux. Notez comment votre terrain est orienté, s’il est exposé ou pas au vent, s’il est ensoleillé un peu ou souvent. Faites le point aussi sur vos ressources en termes de matériel, de budget, de temps et d’espace.

Que vous désiriez mettre en place la permaculture dans un petit jardin ou dans un grand espace, prenez le temps de vous connecter avec l’environnement immédiat de votre maison. En effet imiter la nature dans son fonctionnement est le modèle ultime de la permaculture.

Délimitez votre jardin en cinq zones

Un jardin en permaculture compte généralement cinq zones :

  • La zone 1 correspond à celle où l’activité humaine est très fréquente et elle se situe au plus près de la maison. C’est dans cette zone que se trouvent le potager et les serres.
  • A l’inverse, la zone 5 est celle où l’activité humaine est quasi inexistante. Elle est la plus éloignée de votre habitation. C’est dans cette zone que se situent les espaces laissés à l’état sauvage.

Utilisez au mieux chaque élément de votre environnement

Faites-en sorte que chaque élément présent dans votre jardin remplisse plusieurs fonctions. Les poules, par exemple, vous fournissent des œufs, nettoient le sol et le fertilisent, mangent vos déchets de cuisine et des insectes potentiellement nuisibles.

Gardez à l’esprit que chaque fonction peut être remplie par plusieurs éléments

Pour mettre en place un jardin autonome, veillez aussi à ce qu’une fonction particulière puisse être remplie par plusieurs éléments de votre environnement. Par exemple la fertilisation des sols peut être fournie aussi bien par votre compost que par vos animaux.

Valorisez la diversité de votre écosystème

En veillant à la diversité de votre écosystème, vous augmentez les interactions entre les êtres vivants et vous créez un système plus résilient.

Créez votre potager durable en permaculture

Maintenant que vous avez en tête les principes de base d’un jardin en permaculture, voici quelques explications pour débuter votre potager en permaculture.

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Choisissez soigneusement vos légumes et vos végétaux tout en préservant la biodiversité

La première étape pour créer un potager en permaculture pas à pas ? Dresser une liste de ce que vous voulez faire pousser, des plantes amies et compagnes qui interagissent entre elles.

En effet, contrairement à un potager classique, le potager en permaculture ne se compose pas uniquement de légumes mais d’un ensemble de végétaux qui se complètent.

Préférez les plantes qui peuvent se ressemer pour limiter le coût financier et de temps. En favorisant la diversité des espèces cultivées et conservées, vous offrez une protection à un bon nombre d’êtres vivants.

Déterminez l’aménagement et le design de votre potager en permaculture

Une fois passé le temps d’observation de votre terrain, le recensement des ressources dont vous disposez (temps, budget, outils..) et celui de vos besoins, vous pouvez vous attaquer au design.

En permaculture, le design signifie concrètement prendre une feuille de papier et un crayon pour réfléchir au plan et au dessin de votre jardin afin d’organiser au mieux son aménagement.

À partir de vos observations, vous pouvez esquisser en détails le plan de votre potager en permaculture, les matériaux pour le construire et le délimiter. Prenez le temps de réfléchir à un bon zonage pour optimiser votre temps et vos efforts dans l’entretien de votre potager au quotidien.

Créez des parcelles au-dessus du sol

C’est un des principes clés de la permaculture afin de ne pas épuiser les ressources. Les types de parcelles à mettre en place sont variés : buttes, bottes de paille, potager 3P, lasagne, trou de serrure, plate-bande permanente…

  • Mesurez la largeur de vos parcelles de manière à pouvoir atteindre le centre aisément et sans avoir à marcher sur vos planches de culture. Une largeur d’1m20 est conseillée.
  • Au sein de chaque parcelle, placez les plantes les plus hautes au centre : toutes les plantes seront ainsi atteignables et les plantes les plus hautes feront de l’ombre aux plus petites.
  • Pour utiliser les parcelles tout le temps, sélectionnez des plantes qui se succèdent dans le temps.
  • Aérez la terre à 15 cm de profondeur maximum mais ne la bêchez pas ou ne la retournez pas.
Le conseil La Vie Claire

Gardez toujours le sol de vos parcelles couvert avec des copeaux de bois, du compost, du carton en faisant des couches. Paillez également entre vos plantations pour limiter l’évaporation d’eau et la pousse des adventistes.

Optimisez votre environnement

Optimisez chaque élément présent naturellement dans votre environnement. Récupérez l’eau de pluie dans de grands récipients disposés à plusieurs endroits de votre jardin pour éviter les déplacements et les efforts inutiles. Ainsi vous disposez d’eau pour l’arrosage de vos cultures, vous attirez les oiseaux qui viendront y boire et vous éliminez en même temps les insectes indésirables.

Faites votre compost de manière à ce que les déchets de votre jardin (mais aussi de votre maison) servent à enrichir le sol qui vous nourrit à son tour.

Les techniques d’aménagement de jardin en permaculture

Il existe plusieurs techniques d’aménagement pour les différentes parcelles de votre potager.

La culture en carrés en permaculture

La culture en carrés se prête très bien à la pratique de la permaculture. Elle présente l’avantage de s’adapter aux espaces réduits et peut même être mise en place sur une terrasse ou un balcon.

Le Keyhole Garden de permaculture

Le jardin en trou de serrure dit aussi keyhole est aussi adapté aux petits jardins ou terrasses. C’est une structure circulaire de 3 m de diamètre et d’1 m de hauteur maximum qui sert à cultiver les légumes dans différents bacs. Les déchets de cuisine sont apportés dans le composteur central. Les plantes installées dans les bacs autour du composteur puisent leurs nutriments, au fur et à mesure que les déchets se décomposent. Ce potager est à portée de main et ne nécessite pas de se baisser pour travailler.

Le Wicking-bed : un système de culture autonome utilisé en permaculture

Le “wicking-bed” ou jardinière auto-suffisante est un système de culture hors sol, autosuffisant en eau et en fertilisant. Il est particulièrement adapté pour les milieux urbains et les endroits où le sol fertile n’est pas accessible. Ses atouts sont nombreux : il est adapté à toutes les générations et handicaps du fait de son accessibilité ; le sol est toujours bien drainé même en cas de fortes pluies ; il réduit la corvée d’eau; surélevés, les “wicking bed” se réchauffent plus vite au printemps.

La culture sur buttes : figure emblématique de la permaculture

La culture en buttes fait partie des techniques d’aménagement les plus répandues de la permaculture. Pourquoi ? Construire une butte permet d’augmenter la surface cultivable et de bénéficier de différents degrés d’ensoleillement et d’humidité en fonction de l’exposition et de la hauteur.

Permaculture : la voie de l’autonomie ?

Vous l’avez compris, pas besoin de posséder un champ pour vous lancer dans la permaculture. Jardins en permaculture et potagers durables peuvent être mis en place partout, même dans les petits espaces.

La différence entre le “cultiver bio” et la permaculture ? La mise en place d’interactions entre les êtres vivants. Les jardins en permaculture font naître ainsi un environnement qui perdure, qui nourrit et qui crée la vie.

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Au-delà du respect de la nature, commencer un potager en permaculture présente d’autres avantages : de faibles coûts d’entretien (pas de produits chimiques à utiliser), des fruits et des légumes savoureux et bons pour la santé, une récolte facile du fait de l’aménagement et une charge de travail plus légère une fois que vous aurez mis votre système sur pied.

Si la phase d’observation et de conception peut vous paraître un peu longue, mettre en œuvre un petit univers ou, à terme, vos plantations se ressèmeront toutes seules et où le sol prendra soin de lui-même est une belle motivation.

Tout ce qu’il vous restera alors à faire, c’est de récolter ce que votre potager vous offre et de garder un œil sur votre jardin pour d’éventuels ajustements.

Alors prêt(e)s à vous lancer dans la permaculture ?

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