Les poires du verger de Fabio

Modifié le 19 février 2018

Jean-Luc Roux, producteur de fruits et légumes à Cavaillon, vend ses poires « en conversion bientôt bio » à la Vie Claire. Il explique ce partenariat intéressant et comment se déroule une conversion à l’Agriculture Biologique.

Pouvez-vous vous présenter ?

« Je me suis installé en 2001 avec mon cousin à Cavaillon (Vaucluse). Notre exploitation se nomme Le Verger de Fabio. Comme nos pères, nous produisons des légumes (2,4 ha de serres), des pommes (70 ha) et des poires (22 ha). Nous avons démarré la conversion à l’Agriculture Biologique en 2009. »
 

Pourquoi avoir décidé de passer a l’Agriculture Biologique ?

« Mon père et mon oncle étaient déjà sensibles à un mode de production le plus naturel possible, en évitant au maximum les traitements chimiques, en cueillant les fruits et légumes à maturité. Nous avons à cœur de continuer à suivre ce fil d’Ariane et depuis toujours, nos pratiques agricoles sont proches de la nature et soucieuses de la santé et de l’environnement. Nous avons attendu que le marché du bio s’élargisse pour commencer la conversion. »
 

Quels changements entraîne le passage en AB ?

« Nous avons mûrement réfléchi cette transition et réalisé un état des lieux technique et économique sur l’exploitation car passer au bio est une autre façon de travailler. On n’utilise plus de désherbant, ni de produits chimiques de synthèse.
On privilégie des produits naturels tels que le soufre, le cuivre, le calcium pour lutter contre les maladies. Pour désherber, on intervient mécaniquement avec des outils de travail du sol mais nos vergers sont moins
« propres » qu’avant, ce qui impacte les quantités produites… La perte de rendement est en général importante, c’est pourquoi les débuts de la conversion peuvent être compliqués.
L’agriculture biologique nécessite par ailleurs une présence accrue du producteur dans son verger. Attentif à la biodiversité, il surveille la présence des ravageurs et des insectes auxiliaires des cultures (exemple : la coccinelle contre le puceron). Pour nous, cette présence dans les vergers se traduit aussi par la mise en place d’un système d’arbre connecté. Des branches sont équipées de capteurs reliés à un boîtier électronique. Ces capteurs mesurent très précisément le stress hydrique de l’arbre et détermine la quantité d’eau exacte à lui apporter. Cet exemple démontre que bio et modernité vont de pair. »
 

La conversion a l’AB est une période particulière. Comment valorisez-vous vos fruits et légumes avant qu’ils soient labellises bio ?

« Une partie de notre production est commercialisée via le réseau de magasins spécialisés La Vie Claire. Le règlement européen nous autorise à vendre nos produits en cours de conversion depuis au moins 12 mois dans ces magasins spécialisés, en mettant la mention « issus d’un verger en conversion vers l’Agriculture Biologique ».
Lorsque nous avons pris contact avec le responsable d’achat de La Vie Claire, nous lui avons expliqué que nous avions créé une marque « le Verger de Fabio, en conversion bientôt bio ». Il est venu visiter l’exploitation, il a vu notre façon de travailler et a su nous écouter sur cette période de conversion. En effet, la production baisse et nous appliquons le cahier des charges de la bio, sans pouvoir mettre le logo AB, alors qu’au bout d’un an, les fruits ont les mêmes qualités sanitaires qu’un fruit certifié mais depuis moins longtemps. Avec la Vie Claire, nous avons instauré une relation gagnant-gagnant qui soutient le développement du bio et garantit au consommateur la qualité et la transparence puisque l’enseigne communique sur cette période de conversion. »

À lire également